Septième solo(s) et cinquième Soliloque, La longue marche du violoniste Benjamin de la Fuente.
Classé dans le rayon musique contemporaine chez certains disquaires, le solo du violoniste Benjamin de la Fuente pourrait aussi bien se trouver au rayon improvisation. Les 9 pièces qui le composent sont des improvisations très travaillées en post- production et mâtinées d’électronique et de divers effets électroacoustiques, à tel point que l’on ne reconnaît pas toujours le son de l’instrument.
« L’électro, dans ce disque, me permet juste de « sortir » du violon, mais très légèrement, d’apporter une dimension poétique, basculer vers la situation acousmatique. C’est intéressant parce que c’est un disque de violon, on connaît l’instrument, et puis tout à coup on glisse et modifie notre écoute. Je m’en sers toujours finalement pour renouveler l’écoute, rafraîchir la perception, sortir du cadre. »
Benjamin de la Fuente vient du monde de la musique contemporaine et a mis depuis peu un pied dans celui de l’improvisation, aux côtés de musiciens tels que Bruno Chevillon ou Eric Echampard dans le groupe Caravaggio : La longue marche raconte le chemin parcouru et en fait la synthèse. À l’image du dernier morceau, « Got Rid Of The Shackles », qui veut dire « se libérer des chaînes », il s’agit d’aller ailleurs et de se libérer des catégories pour ne créer que ce que l’on a envie d’entendre.
C’est vrai qu’il est très beau ce disque. Et puis les « File Under » des disquaires sont souvent très poreux. Entre Jazz/Impro/contemporaine… Et c’est tant mieux !
Et puis Aeon, quel beau label…
Ce disque remarquable a reçu quelques récompenses, dont un Grand prix du disque Charles Cros 2010, et aussi un Grand prix lycéen des compositeurs 2010 ; il est vrai que ce mélange est plus « facile » d’accès que la musique de Pesson par exemple. (et je suis tellement d’accord avec Franpi sur l’excellence du label Aeon, un des rares labels dont j’achète systématiquement tous les albums (dans leur collection « musique contemporaine ») !).